Sujet déjà traité de façon excellente par Askook, mais ce sera une petite contribution de plus.
Diffusable librement, aucune donnée protégée par copyright n'est incluse.
Le schéma est un peu brouillon, mais il est fait à l'ancienne, tout à la main.
La mue chez le serpent.
L'épiderme du serpent n'étant pas extensible, il doit être remplacé au fur et à mesure de la croissance.
Ce processus de remplacement est appelé mue, exuviation, ou encore ecdysis.
Il comporte 6 phases:
-Phase de repos: qui se situe juste après une mue. Les couleurs pètent bien et l'écaille oculaire est transparente.
Cette phase est elle-même divisée en 3 sous-phases: repos post-mue, repos parfait, repos tardif.
Durée: quelques jours (rare) à plusieurs mois.
-Phase 2: sous l'influence d'une hormone, l'ecdysone ( j'ai rien trouvé de concluant sur cette hormone qui serait sécrétée au niveau de la thyroïde chez le serpent et présente même chez les insectes qui muent aussi), les cellules de la couche germinative (stratum germinatum) de l'épiderme vont commencer à proliférer et ainsi créer une couche intermédiaire sous la couche cornée.
Le serpent n'a pas changé d'aspect.
Phase 3: ces nouvelles cellules formant la couche intermédiaire, toutes identiques au départ, vont se kératiniser en donnant des cellules à kératine béta (ß) ET des cellules à kératine alpha (α) qui seront séparées par la méso-couche une fois en place.
On assiste (les yeux ébahis) à un épaississement de la peau qui se ternit et la lunette cornéenne devient opalescente et bleutée.
Oui... mais pourquoi diront ceux qui ont lu jusqu'ici ?
Lorsque le serpent n'est pas en mue et jusqu'à avant la phase de kératinisation, les cellules épidermiques sont bien rangées à plat comme des ardoises sur un toit. La lumière qui les traverse est alors renvoyée presque sans diffraction par les chromatophores (et surtout les iridophores) qui sont présent dans la couche granuleuse du derme avec les vaisseaux capillaires et les terminaisons nerveuses (voir le dessin ci-dessus).
Quand la kératinisation (alpha et béta) se fait, il règne un joyeux bordel dans l'agencement des cellules qui ne sont plus du tout rangées bien à plat (phase de prolifération) et la lumière qui traverse la peau subit une forte diffraction quand elle est réfléchie par les chromatophores et le serpent est laid, voire même laiteux...
Certains auteurs anglo-saxons attribuent cet aspect terne au liquide qui va se former entre la vieille et la nouvelle couche pour faciliter le décollement de la vieille peau, mais c'est discutable vu que ce liquide n'est pas encore présent à ce stade (Zug & col; 2001)...
Phase 4: la nouvelle couche est maintenant formée sous la future exuvie. C'est là que le serpent est le plus moche et qu'il mord tout ce qui bouge vu qu'il est aveugle ou presque. Laissons-le tranquille avec son mauvais caractère. Il en a pour 5 à 10 jours à bouder sans manger.
Phase 5: les cellules kératinisées nouvellement formées vont se ranger en couches bien alignées et la lumière va être mieux réfléchie par les chromatophores, l'œil s'éclaircit, le serpent est moins terne, il peut même avoir faim, il retrouve sa bonne humeur.
Phase 5: Un liquide incolore, la lymphe, va suinter depuis le derme spongieux à travers la couche germinative et va rejoindre la zone intermédiaire entre la vieille et la nouvelle peau (voir schéma).
Ce liquide à plusieurs rôles.
-Il contient des enzymes qui vont provoquer le clivage par rupture des attaches intercellulaires.
-Il va lubrifier l'exuvie pour une élimination plus facile.
-Il contient des anticorps qui vont aider à la protection antibactérienne et antifongique de la nouvelle peau qu'elle est pas encore sèche pour jouer son rôle protecteur comme il faut.
Le serpent pris de fortes démangeaisons au bout du nez, va frotter ses écailles rostrales sur un support rugueux (que vous avez pensé à lui fournir s'il est en rack) et la séparation de l'exuvie va se faire à partir de ce point par retournement comme un doigt de gant en direction de la queue, soit d'une seule pièce (les colubridés par exemple), soit en enroulé sur lui-même (regius, BCI…).
Le serpent subissant une déshydratation non négligeable, on augmentera l'hygrométrie pour faciliter le décollement de l'exuvie et compenser les pertes hydriques.
La nouvelle peau va alors durcir et devenir moins perméable. Il retrouve ses couleurs qui pètent et quelques temps après ça recommence.
J'ai pas mis les durées de chaque phases comme c'est variable selon les genres.
PS Les serpents dits "scaleless" sont porteurs d'un gène qui empêche le codage de la kératine bêta. La peau ne présente qu'un fine couche de kératine alpha sans les excroissances écailleuses habituelles.